Un peu de contexte...
Depuis quelques mois, nous réfléchissons avec Julien Chuine (maraîcher à proximité du Havre) à la création d'un réseau de fermes et autres lieux d'expérimentation qui serviraient d'espaces de transmission autour des compétences, savoir-faire et savoir-être favorisant une meilleure autonomie des individus et une meilleure résilience des territoires.
Nous lançons le projet en suivant trois étapes sur cette année :
1. Identification et visites de projets avancés sur le plan technique, économique et humain (personne en burnout...) autour des pratiques d'agro-écologie, d'éco-construction, de low-tech, d'énergies renouvelables et autres fondamentaux d'une société pérenne (T4 2023/T1 2024) ;
2. Identification et rencontre de personnes souhaitant intégrer un parcours de compagnonage pour monter en compétence en apprenant de lieu en lieu (T1/T2 2024) ;
3. Design et expérimentation d'un premier parcours en repartant à la fois des besoins des porteurs de projet souhaitant transmettre leurs compétences et des besoins exprimés par les futurs compagnons (T2 2024).
A la rencontre des pépites bretones
C'est dans cet esprit que Pierre-Alain (co-fondateur du Low-tech Lab et porteur du projet de La Base Low-tech) nous a proposé une petite visite guidée des projets inspirants sur les terres concarnoises.
Mais avant de faire un petit tour des projets rencontrés, on vous invite à jeter un oeil au concept de Base Low-tech imaginé par Pierre-Alain et aux premières pièces déjà assemblées. Ce projet nous parle tout particulièrement à plusieurs titres :
1. Un lieu démonstrateur du potentiel de la low-tech en termes d'autonomie et de résilience ;
2. Un incubateur de projets entrepreneuriaux autour de trois thématiques clefs : l'alimentation, la low-tech et l'artisanat ;
3. Un espace d'apprentissage et de transmission pour favoriser l'essaimage des pratiques.
Encore mieux en images...
L'écosystème Explore
Un de nos premiers stops, on l'a fait à la Base Explore, une sorte d'Institut Xavier pour les porteuses et porteurs de projet d'exploration autour de l'environnement. On y retrouve dans le même bâtiment les équipes du Low-tech Lab, de Kaïros, d'Under the Pole, de Plastic Odyssey et bien sûr du fonds de dotation Explore, qui finance cette infrastructure d'accueil (bureaux, ateliers, et équipe support).
Que ce soit à l'étranger, en mer ou à travers la France, ces différents projets ont pour point commun d'expérimenter et de documenter des solutions concrètes à des enjeux environnementaux (comment valoriser les déchets plastics avant leur rejet dans les océans? comment développer des technologies accessibles, sobres et durables? comment développer de nouveaux matériaux biosourcés pour remplacer les matériaux conventionnels plastics et composites? etc.).
On a notamment pu échanger avec Manu, responsable de projets à Explore et Julie et Quentin, co-animateurs de la démarche locale "Vers un territoire low-tech en Cornouaille" pour le Low-tech Lab.
2 principales pistes/leçons suite à ces échanges :
1. Importance de se rapprocher des établissements d'enseignement secondaire pour identifier nos futurs compagnons, notamment d'écoles et universités comme Centrale Nantes qui intègre depuis peu un cursus autour des low-tech pour "former des ingénieurs capables de construire un monde résilient et sobre". Les parcours de compagnonage seraient d'excellents compléments à ce type de d'apprentissage théorique (en césure ou à la sortie d'étude) ;
2. L'impact n'est pas nécessairement là où on l'imagine en premier lieu. Une bonne piqûre de rappel d'un simple principe de réalité : en tant que porteur de projet, notre capacité à prédire l'évolution et encore moins les effets des actions lancées est limitée. Julie et Quentin nous ont notamment faire part d'effets d'entraînement du projet sur des organisations qui n'étaient pas parties prenantes de la démarche (inspirées par ce qu'elles observaient, elles ont souhaité reproduire certaines actions) - alors même que certaines organisations participantes avaient du mal à embarquer sur le projet.
La Ferme de Kercaudan
Une belle illustration d'un projet collectif qui a l'air de bien tourner! Des espaces et responsabilités bien délimitées qui ont permis de développer progessivement :
- Une activité maraîchère avec 4 hectares en production
- Une cidrerie
- Une activité de boulange
- L'animation d'une guinguette en saison
On envoie toutes nos pensées à l'équipe qui a dû faire face aux ravages de la tempête Ciaran.
Autres sources d'inspiration
Et on ne peut pas conclure sans mentionner notre visite de l'Atelier Z (à la ferme de Kervic) et notre discussion avec Clément Chabot (co-fondateur du Low-tech Lab) autour des nouveaux rapports à l'habitat.
- La première nous a montré l'effet radical qui a pu suivre après avoir réajusté le curseur entre auto-gestion (par les usagers d'un espace partagé) et coordination (par les propriétaires de l'espace). Depuis la définition d'un cadre plus clair par les propriétaires (délimitation des espaces, modalités de location, etc.), l'atelier partagé est davantage utilisé par la communauté. Pour les fans de l'auto-gestion comme nous, ça inspire que chaque communauté doit expérimenter et définir son propre cadre collectif.
- La seconde nous a ouvert un imaginaire autour de l'habitat à travers une discussion passionnante autour l'usage saisonnier des espaces de vie (pourquoi isoler une maison de 120 m2 quand on peut simplement migrer vers un petit habitat de 20m2 dans le jardin pour la période de l'hiver). Un raisonnement particulièrement inspirant à l'heure où compétences, ressources et matériaux risquent de manquer pour rénover tout un bâti usager. La discussion a ensuite migrer vers le livre d'Ivan Illich sur l'évolution des usages de l'eau de siècle en siècle, preuve que nos comportements peuvent radicalement changer (dans un sens ou un autre) y compris sur des fondamentaux tels que l'eau.
Un grand merci à nouveau à PA, Clément, Manu, Julie M., Quentin, Julie, Cédric et toutes les autres personnes rencontrées pour ces temps précieux :)
Rédaction : Igor Louboff